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« L’EXPÉRIENCE SÉCURE » : DÉVELOPPEMENT DU « LIEU SÛR » - Arnaud Zeman -

Article issue de la revue Hypnose et Thérapies Brèves - Sept-Oct-Nov 2020



Un exemple : organiser les vacances (processus) et être en vacances (résultat)

Etre en vacances constitue un moment important, c’est un temps de repos, de détente, d’exploration ou de découverte. Par exemple, il est agréable de se prélasser au soleil ou à l’ombre, avec une boisson fraîche à proximité, à regarder le paysage ou à lire un livre. Ces moments permettent de se ressourcer.

Le plus souvent ces moments de vacances sont le résultat d’une série d’actions. Ce sont des périodes qui viennent alterner avec les périodes de travail. Peut-être a-t-il fallu épargner afin de payer ces vacances ? De même, peut-être a-t-il fallu effectuer de fastidieuses recherches d’hôtels ou de lieux, consulter des ouvrages spécialisés sur la région ou le pays, apprendre une langue, ou réaliser de fastidieuses démarches administratives afin de remplir les formalités liées au voyage, etc. La situation de détente en vacances est le résultat d’un processus, d’un ensemble d’actions, dont certaines peuvent s’avérer désagréables. Cela a nécessité de mobiliser de nombreuses ressources : des idées, de la créativité, de l’énergie et de l’espoir. Bien que l’objectif d’être en vacances soit évidemment important, c’est la mobilisation de ces ressources qui a rendu possible ces dites vacances. Ce sont ces ressources et ce processus qui sont utiles afin de construire une expérience susceptible de générer de la réussite et de l’assurance. Ce processus est à la fois en action (effectuer les démarches administratives ou les recherches, épargner, etc.) et en relation (échanger avec les professionnels du voyage, discuter avec des amis et recueillir leurs idées ou avis, etc.).

D’une certaine manière, le résultat que constitue la situation de détente au soleil est ce que l’on appelle classiquement en thérapie « la carte postale », alors que le processus engagé afin de parvenir à ce résultat est « l’expérience de mobilisation des ressources » (afin d’atteindre la situation carte postale). Comment cette distinction peut nous être utile en thérapie ?


La « safe place »

Il y a plusieurs expressions qui viennent rendre compte de cette approche qui consiste à construire en hypnose une situation rassurante et qui génère de la sécurité à partir des ressources du patient. En langue anglaise, on parle de « safe place ». « Safe » peut se traduire par « sauf », comme dans l’expression « sain et sauf ». Il peut également se traduire par « sûr ». Le mot anglais « place » est le plus souvent traduit par « lieu ». On obtient l’expression usuelle en thérapie de « lieu sûr ». Il semble néanmoins intéressant de se tourner vers une nouvelle signification de « safe place ». Plutôt qu’un endroit ou un lieu, il est préférable de privilégier une notion, plus subjective et davantage corporelle, de « position » ou de « posture » ou même de « perception corporelle » : sentir dans son corps une assise, une posture ou des perceptions qui relèvent d’un sentiment de sécurité. Cette nouvelle signification peut se traduire par l’expression « expérience sécure ». La notion d’expérience met en avant la dimension active, l’idée de processus et de vécu corporel. De même, la notion de sécurité relève de la relation. En effet, cette notion emprunte le sens de « sécurité » au travail de John Bowlby.

Pour Bowlby, la sécurité éprouvée par le bébé est issue de la relation entretenue avec la figure d’attachement. Prenons un exemple : pour quelque raison que ce soit, le bébé peut se mettre à pleurer dans son berceau. Que fait le père ou la mère, la figure d’attachement ? Il se déplace vers le berceau, peut-être le dorlote-t-il. Si les pleurs ne cessent pas, peut-être le prend-il dans ses bras. S’ensuit une série d’actions afin d’apaiser le bébé : caresses sur le visage, petite chanson, écholalie, bercements, etc. Le parent cherche à tranquilliser le bébé. Se met en place alors un ensemble d’ajustements réciproques entre le bébé et le parent. Une sorte de danse s’installe de manière imperceptible : il s’agit là de l’accordage. Si le bébé s’arrête de pleurer, on peut supposer qu’il retrouve de l’apaisement et de la sécurité. Que s’est-il passé alors ? Le parent a prodigué à l’enfant une attention et de la bienveillance accompagnées d’actions. Le bébé a perçu cette attention et ces actions, ainsi que l’intention du parent. En retour, le sentiment de réassurance s’est installé chez le bébé et la diminution des pleurs a encouragé le parent à poursuivre ses faits et gestes. D’une part le parent est en confiance dans ses capacités à apaiser son enfant et dans la capacité du bébé à recevoir cette proposition d’apaisement. D’autre part le bébé expérimente la confiance que le parent lui accorde dans sa capacité à pouvoir s’apaiser. On peut parler de confiance mutuelle ou réciproque. Dans l’approche de Bowlby, la sécurité est née de cette relation d’accordage réciproque et de confiance entre le parent et l’enfant.


En définitive, la notion « d’expérience sécure » introduit de manière implicite deux dimensions : d’une part la dimension de l’action et de l’implication du corps à travers le terme « expérience », et d’autre part la dimension relationnelle dans le terme « sécurité ». Au risque d’une formule redondante mais dont l’avantage est d’être complète, il serait possible de parler d’« expérience sécure active et relationnelle ».

Distinction entre l’hypnose de relaxation (de type carte postale) et l’hypnose orientée sécurité relationnelle

Pour les gens qui présentent du stress, il est possible de proposer de l’hypnose de relaxation de type « carte postale ». Les patients en tireront confort et détente.

Lorsque le problème dépasse le stress et relève davantage de phénomènes anxieux, de l’angoisse ou de fortes perturbations émotionnelles (comme cela peut se produire dans le trauma), on constate une contradiction entre l’intention et l’action de ces personnes. Elles sont alors dans des processus où il leur est difficile de faire confiance. Le travail en thérapie consiste à accompagner le patient afin qu’il parvienne à accueillir ses ressentis sensoriels en rapport avec cette anxiété ou ses fortes perturbations émotionnelles et parvienne à faire confiance à nouveau. Pour accueillir ses ressentis sensoriels, il est nécessaire que le patient soit en lien avec une expérience de sécurité, à la fois active et relationnelle.

Si le thérapeute se contente d’installer une « carte postale », il peut parvenir à une limite. En effet, si le patient trouve une situation de relaxation, une « carte postale » de type « être tranquille sur la plage », le patient est alors dans un lâcher-prise, une détente, il abaisse ses défenses. Que se passe-t-il si la tempête arrive, voire pire si un tsunami arrive ? Le fait d’être allongé sur la plage relâché ne permet pas de se protéger de la tempête ou du tsunami. Il s’agira plutôt de se mettre en action, de prendre l’initiative et de mobiliser ses capacités et ses ressources afin d’agir et de se mettre en sécurité.


Expérience sécure, en action et en relation

Lorsque l’on construit une expérience sécure avec le patient, on privilégiera donc davantage les situations où les patients sont en action et en relation. « En action » dans le sens de faire des choses et de prendre l’initiative, et « en relation » dans le sens d’être en lien avec des personnes qui ont favorisé la construction d’une sécurité interne. Evidemment, l’action peut être effectuée seule mais elle inclut la relation et les autres. Prenons deux situations pour exemples. Dans la première, une personne se sent bien avec ses amis, elle est détendue avec eux et afin de favoriser ce sentiment de tranquillité dans ses relations, elle décide d’aller à la plage, et elle y va seule. Dans cette action, elle développe son autonomie et découvre de nouvelles possibilités. Si elle croise quelqu’un qu’elle connaît, elle saura l’accueillir et passer avec elle un bon moment, elle va pouvoir partager ce moment. Au contraire, dans une seconde situation, la personne se dispute avec son entourage, les autres lui sont insupportables. La personne étouffe et pour changer d’air, elle part se détendre à la plage. La personne se retrouve seule à la plage dans l’intention de se couper des relations, elle cherche à fuir les autres. Dans ce cas-là, se détendre à la plage n’est pas une expérience sécure, c’est au contraire un « lieu d’évitement ».


Les lieux d’évitement

Il existe de nombreux lieux d’évitement que peuvent proposer les patients à la question « pour vous, quelle situation évoque calme et apaisement ? ». Ils peuvent parler alors de situations telles que : être au fond du lit sous une couette, être seul devant la télé ou devant ma console. Il est important dans ces cas-là de rester prudent, de se demander si ce ne serait pas un lieu d’évitement. Si le thérapeute a de bonnes raisons de croire que ça puisse être un lieu d’évitement, il dira « c’est très bien, quoi d’autres vous vient ? ». Prendre ce type de situation de contexte d’évitement, et l’ancrer en hypnose pourrait avoir pour conséquence de confirmer et d’installer la recherche d’isolement et de mise à distance des autres chez le patient, et confirmer sa vision du monde qui génère des problèmes (en rapport notamment avec un monde d’abandon). Elles sont donc à éviter, autant que faire se peut.


Exemples d’expériences sécures

En synthèse, les modalités sont les suivantes :

- En action -- > et non passif.

- En relation -- > et non isolé.

- Avec différentes modalités sensorielles -- > auditif (une mélodie), kinesthésique (une ancre), visuel (un lieu, un contexte), olfactif (une odeur de cuisine, un plat de l’enfance), gustatif (une sorte de « madeleine de Proust »), etc.

Lorsque les éléments s’imbriquent, ils ressemblent de manière analogique à une expérience vécue, en adéquation avec des situations de vie du patient. Cette adéquation rend plus facile la sollicitation de l’expérience sécure dans les moments où cela est nécessaire (montée d’angoisse, par exemple).


Types de situations qui permettent de construire une expérience sécure

Les situations que le thérapeute doit chercher afin de construire une « expérience sécure » sont les suivantes :

- Les moments de vie qui constituent un sentiment de réussite.

- Les moments où le patient s’est senti libre, entendu et compris.

- Les moments de coopération et de construction où le patient s’est senti reconnu.

- Les moments de vie où les émotions étaient présentes.

- Les moments de joie ordinaire, ou d’émotions que l’on souhaite voir se reproduire souvent.

- Les moments d’apprentissage, des situations qui ont favorisé la construction de notre vie (choix de vie judicieux).


Les questions posées au patient ressemblent à celles-ci :

- « Peux tu me raconter une situation où tu fais des choses en relation avec d’autres personnes, et qui en retour te donne le sentiment d’accomplissement ? »


- « Quelle est la situation ou l’expérience que vous avez vécue dernièrement, en lien avec d’autres personnes, qui en retour vous a donné le sentiment d’avoir de la valeur, où il y a eu du sens, où ça a été utile, où vous vous êtes senti à votre place ? »


- « Si vous êtes d’accord, je souhaiterais que vous me décriviez une situation, une action dans laquelle vous vous dites “ça, ça me correspond, c’est bien moi, ça me définit vraiment, voire pleinement”. Une situation où vous vous réalisez. Une situation où vous réalisez vos valeurs et vos intentions. Une situation dans laquelle vous vous sentez en sécurité. Ça peut être une situation il y a déjà un moment, ou bien plus récente. »


L’idée est de trouver une expérience de sécurité qui soit en rapport avec des processus de vie, qui sollicite la partie vivante et riche du patient. Il s’agit d’un contexte dynamique avec des interactions, des échanges, et des actions.


Faire la cuisine est une proposition d’expérience sécure que l’on retrouve régulièrement de la part des patients. En effet, faire à manger, c’est être en action : avoir prévu les ingrédients, effectuer la préparation, s’organiser, suivre une recette, etc. Et c’est également être en relation : souhaiter partager le repas préparé, être en contact avec la vie de la maison autour, faire découvrir une spécialité ou des saveurs, etc. Le repas sera sans doute l’occasion de commenter le plat, voire de faire des compliments. En outre, le repas invite aux plaisirs et aux échanges. Faire la cuisine peut prendre la forme suivante : « J’ai pris l’initiative de choisir cette recette et de réaliser ce plat afin de le partager avec les personnes que j’apprécie. »

La vie n’est pas toujours confortable

Dans tout parcours de vie, il y a des zones d’inconfort, des situations qui génèrent de l’insécurité. Ces situations peuvent arriver par choix (passer un examen), par nécessité (extraire une dent), ou par accident (blessure, maladie, drame). Les expériences sécures susceptibles d’aider le patient à faire face aux situations difficiles dans la vie (angoisse ou trauma) sont des expériences où le patient s’est senti en sécurité dans un contexte insécure (pour les contextes traumatiques, se référer au texte Thérapies brèves plurielles, chap. 7 : La base de la résilience, p. 282, éditions Elsevier Masson).

Evidemment, ce n’est pas indispensable qu’une expérience sécure se situe dans un contexte insécure, toutefois cela augmente l’analogie, l’adéquation ou la proximité avec ce qui arrive dans la vie, vie au cours de laquelle il n’est pas possible d’être toujours dans un contexte de protection. On peut donner des exemples de sports qui génèrent de la sécurité dans un contexte insécure : le kitesurf ou la plongée sous-marine.

Lorsque que je demande à Sandrine, 17 ans, à quoi ressemble cette expérience de sécurité active et relationnelle, elle prend un temps, elle semble entrer en elle-même, et au bout d’un moment elle me parle du surf. Elle est avec son frère plus jeune, sur la planche de son papa (qui est au loin) et elle prend la vague sur quelques secondes en même temps que son frère, sur la même vague, à genoux, portée par la mer. Le contexte est un peu dangereux mais le sentiment de sécurité est soutenu par les relations avec le papa et le frère.

André, quant à lui, évoque des sorties à vélo de course avec ses copains. Le thérapeute : « Est-ce que vous pouvez me raconter comment ça se passe ? ». Réponse d’André : « On sort avec les copains faire du vélo tous les dimanches. J’adore le vélo, j’en fais plusieurs fois par semaine. Le dimanche on est une petite équipe de cinq ou six. Nous faisons des sorties de 100 kilomètres environ. On se suit. Le but n’est pas de faire de la vitesse mais de rouler ensemble. J’aime vraiment beaucoup. On se soutient les uns et les autres. Il y en a toujours un qui prend la tête du peloton. Parfois, les jours où je suis moins en forme, je me cale sur la roue du vélo du copain de devant et je suis. » S’en suit alors une séance d’hypnose, sur la route, à pédaler, à suivre ou devancer les copains, à faire confiance, à se soutenir, à être en relation et en action.


Un commercial très anxieux

Un commercial très anxieux vient au cabinet. Afin de travailler l’anxiété, il est important que ce patient puisse trouver un contexte de sécurité, en action et en relation.


Voici le dialogue :

- Thérapeute : « Pouvez vous me donner une situation de votre vie quotidienne dans laquelle vous vous dites : “là je me sens bien” et lors de laquelle vous vous dites : “ça c’est bien moi, ça me ressemble”, dans laquelle vous vous reconnaissez et où vous avez un sentiment de réussite ?

- Patient : Au travail, j’aime beaucoup mon travail, ça m’aide beaucoup à faire face.

- Th. : OK, quel est le moment dans votre travail où ce sentiment de réussite est le plus fort, plutôt avant d’attaquer la journée, à des moments clés de la journée, ou à la fin de la journée où vous vous dites “ça, c’était une vraiment bonne journée” ?

- P. : Plutôt quand je fais une grosse vente.

- Th. : OK. Et dernièrement, avez-vous une situation, un exemple où vous avez fait une “grosse vente” ?

- P. : Oui, la semaine dernière, j’ai décroché un bon contrat.

- Th. : A quel moment dans cette vente vous avez ressenti dans votre corps que ça allait marcher ?

- P. : Dans les cinq premières minutes.

Th. : Que se passe-t-il dans ces cinq premières minutes ?

- P. : Là, ça s’est très bien passé, rapidement il m’a dit : “c’est avec vous que j’ai envie de travailler”.

- Th. : OK. Qu’est-ce qu’il a vu en vous qui lui a fait dire ça ?

- P. : Notre société est très bien placée sur ce type de produits et il avait entendu parler de moi par une connaissance en commun.

- Th. : Quel type de relation il vous a fallu mettre en place pour installer ce climat ?

- P. : De la confiance.

- Th. : Et dans ces premières minutes, quand vous comprenez que cette grosse vente va se faire, comment c’est dans votre corps ?

- P. : Je me sentais bien, je me sentais fier de moi.

- Th. : Maintenant, est-ce que vous êtes d’accord pour faire un petit exercice qui va permettre d’utiliser cette expérience de réussite ?

- P. : Oui, d’accord. »


Notons que cet exemple du commercial est intéressant puisqu’on repère que c’est la relation de confiance qui favorise la vente (modèle coopératif) et non les techniques de persuasion classiques de vendeur (modèle rivalitaire). Le thérapeute demande alors au patient de s’installer confortablement, il installe une catalepsie, puis laisse venir la situation : se saluer, peut-être se serrer la main, observer tous les signes qui montrent que les choses prennent, que les choses se mettent en place, que la relation est bonne, que le processus se déroule, etc. Le thérapeute indique également que les choses vont dans le bon sens, que le patient peut sentir en retour tous les effets que cette réussite produit dans le corps, dans toutes les parties du corps, etc. Il propose au patient de se mettre en lien avec l’expérience acquise et la compétence qui a conduit à ce résultat, de toutes les relations qui ont permis de se mettre en confiance, au sentiment de fierté à chaque fois que cette réussite se produit, etc.

Il propose un geste idéomoteur : « Lorsque toutes les parties de votre corps seront en lien avec cette expérience de réussite et d’accomplissement, est-ce que votre main peut faire un geste en rapport avec cette expérience ? »

Et au bout de plusieurs dizaines de secondes, tout en demeurant accompagné par la voix du thérapeute, on observe que le pouce de la main droite du patient se lève dans un geste qui signifie « c’est OK, c’est cool ».


Le thérapeute propose au patient de reproduire le geste trois fois afin de l’ancrer, dans le corps et dans la mémoire, pendant la transe hypnotique.


Ensuite, le thérapeute propose de vérifier l’efficacité du geste : « Je vais vous demander de fermer les yeux à nouveau et de faire venir une expérience désagréable. Lorsque vous sentirez la sensation désagréable dans votre corps, vous allez refaire le geste et observer ce qui se produit dans votre corps. » Le patient coopère, il rouvre les yeux et dit : « La sensation désagréable est partie beaucoup plus vite. »


A la séance suivante, le patient me dit que son anxiété a baissé. Toutefois, il n’a utilisé le pouce levé qu’une seule fois lors d’une course à pied avec un ami. Lors de la course, les images qui génèrent de l’anxiété lui sont venues et il a fait le geste pour se mettre en lien avec l’expérience de sécurité. Il dit ceci : « J’ai été surpris, ça a été hyper-réactif (mécanisme spontané, non volontaire). Le geste s’est immédiatement associé aux mots (de la séance d’hypnose), j’entendais les mots, c’est revenu tout seul. Ça m’a remis dans la discussion avec mon pote (relation), je pensais à ma respiration, je pensais au terrain (ressenti corporel). » Il ajoute ceci : « C’est venu 15 ou 20 secondes et je me suis remis dans ma course (action), la tête vide. »


Installation de l’expérience de sécurité

Etape 1 : le thérapeute recherche une expérience de sécurité active et relationnelle. Le thérapeute pose des questions et recherche activement avec le patient des situations de la vie où le patient s’est senti à la fois en sécurité dans son action et libre dans la relation.

On peut poser la question de manière ouverte, de ce type :

« Pouvez-vous me décrire une situation dans votre vie, un moment dans votre vie, où vous avez agi, où vous avez fait des choses avec les autres, et qu’en retour ça a produit en vous un sentiment de satisfaction, un sentiment de réussite, un sentiment de sécurité ? »

Lorsque le patient décrit une situation qui correspond, on note et on passe à l’étape 2 (on prend bien soin d’écarter les lieux d’évitement, où la personne est passive et/ou isolée).


Etape 2 : le thérapeute installe une séance d’hypnose avec le confort du corps et il invite à l’apparition d’un geste idéomoteur en lien avec l’expérience de sécurité. Il dit ceci :

« Dès que votre esprit inconscient perçoit qu’il est en relation avec une expérience de sécurité, est-ce que vos mains (ou une partie du corps), va faire un geste (un signe) en relation avec cette expérience ? »

Le thérapeute accompagne le patient.

Lorsqu’un geste ou un mouvement arrive, le thérapeute dit : « c’est bien, c’est très bien », il formule un compliment, il souligne la réussite de la survenue d’un geste idéomoteur. Il demande si besoin de le refaire (ancrage).

Pour les mouvements qui se font discrets, il est possible de dire : « est-ce que votre esprit inconscient accepte de faire à nouveau ce geste afin que je puisse mieux le voir ? », il est alors adressé en partie au thérapeute, et il demeure installé dans une boucle relationnelle.


Etape 3 : le thérapeute formule une suggestion post-hypnotique (on préférera l’expression « implication post-hypnotique »).

« Dès que votre esprit inconscient se verra dans l’avenir en train d’utiliser ce geste et que cela s’accompagne du sentiment de sécurité, est-ce que vos yeux peuvent s’ouvrir ? »


Etape 4 : le thérapeute vérifie, si besoin, que ce geste idéomoteur est utile.

Il propose au patient de solliciter à nouveau un problème où la sécurité a été perdue et il fait revenir ce problème sous hypnose. Lorsque le patient est en contact avec le problème, on lui demande de l’indiquer en soulevant un doigt de la main.

Le thérapeute demande au patient de faire le geste en disant :

« Est-ce que le geste en lien avec l’expérience de sécurité peut revenir dans votre main afin d’observer toutes les modifications que cela produit sur le problème ? »


L’expérience sécure favorise alors les processus d’intégration de situation en action et en relation qui mobilisent les ressources, et participe des capacités adaptatives du patient.www.ressourcesmentales.comentales.com


Comment créer une expérience sécure pour nos patients ? Plusieurs exemples vous sont donnés.


Un exemple : organiser les vacances (processus) et être en vacances (résultat)

Etre en vacances constitue un moment important, c’est un temps de repos, de détente, d’exploration ou de découverte. Par exemple, il est agréable de se prélasser au soleil ou à l’ombre, avec une boisson fraîche à proximité, à regarder le paysage ou à lire un livre. Ces moments permettent de se ressourcer.

Le plus souvent ces moments de vacances sont le résultat d’une série d’actions. Ce sont des périodes qui viennent alterner avec les périodes de travail. Peut-être a-t-il fallu épargner afin de payer ces vacances ? De même, peut-être a-t-il fallu effectuer de fastidieuses recherches d’hôtels ou de lieux, consulter des ouvrages spécialisés sur la région ou le pays, apprendre une langue, ou réaliser de fastidieuses démarches administratives afin de remplir les formalités liées au voyage, etc. La situation de détente en vacances est le résultat d’un processus, d’un ensemble d’actions, dont certaines peuvent s’avérer désagréables. Cela a nécessité de mobiliser de nombreuses ressources : des idées, de la créativité, de l’énergie et de l’espoir. Bien que l’objectif d’être en vacances soit évidemment important, c’est la mobilisation de ces ressources qui a rendu possible ces dites vacances. Ce sont ces ressources et ce processus qui sont utiles afin de construire une expérience susceptible de générer de la réussite et de l’assurance. Ce processus est à la fois en action (effectuer les démarches administratives ou les recherches, épargner, etc.) et en relation (échanger avec les professionnels du voyage, discuter avec des amis et recueillir leurs idées ou avis, etc.).

D’une certaine manière, le résultat que constitue la situation de détente au soleil est ce que l’on appelle classiquement en thérapie « la carte postale », alors que le processus engagé afin de parvenir à ce résultat est « l’expérience de mobilisation des ressources » (afin d’atteindre la situation carte postale). Comment cette distinction peut nous être utile en thérapie ?


La « safe place »

Il y a plusieurs expressions qui viennent rendre compte de cette approche qui consiste à construire en hypnose une situation rassurante et qui génère de la sécurité à partir des ressources du patient. En langue anglaise, on parle de « safe place ». « Safe » peut se traduire par « sauf », comme dans l’expression « sain et sauf ». Il peut également se traduire par « sûr ». Le mot anglais « place » est le plus souvent traduit par « lieu ». On obtient l’expression usuelle en thérapie de « lieu sûr ». Il semble néanmoins intéressant de se tourner vers une nouvelle signification de « safe place ». Plutôt qu’un endroit ou un lieu, il est préférable de privilégier une notion, plus subjective et davantage corporelle, de « position » ou de « posture » ou même de « perception corporelle » : sentir dans son corps une assise, une posture ou des perceptions qui relèvent d’un sentiment de sécurité. Cette nouvelle signification peut se traduire par l’expression « expérience sécure ». La notion d’expérience met en avant la dimension active, l’idée de processus et de vécu corporel. De même, la notion de sécurité relève de la relation. En effet, cette notion emprunte le sens de « sécurité » au travail de John Bowlby.

Pour Bowlby, la sécurité éprouvée par le bébé est issue de la relation entretenue avec la figure d’attachement. Prenons un exemple : pour quelque raison que ce soit, le bébé peut se mettre à pleurer dans son berceau. Que fait le père ou la mère, la figure d’attachement ? Il se déplace vers le berceau, peut-être le dorlote-t-il. Si les pleurs ne cessent pas, peut-être le prend-il dans ses bras. S’ensuit une série d’actions afin d’apaiser le bébé : caresses sur le visage, petite chanson, écholalie, bercements, etc. Le parent cherche à tranquilliser le bébé. Se met en place alors un ensemble d’ajustements réciproques entre le bébé et le parent. Une sorte de danse s’installe de manière imperceptible : il s’agit là de l’accordage. Si le bébé s’arrête de pleurer, on peut supposer qu’il retrouve de l’apaisement et de la sécurité. Que s’est-il passé alors ? Le parent a prodigué à l’enfant une attention et de la bienveillance accompagnées d’actions. Le bébé a perçu cette attention et ces actions, ainsi que l’intention du parent. En retour, le sentiment de réassurance s’est installé chez le bébé et la diminution des pleurs a encouragé le parent à poursuivre ses faits et gestes. D’une part le parent est en confiance dans ses capacités à apaiser son enfant et dans la capacité du bébé à recevoir cette proposition d’apaisement. D’autre part le bébé expérimente la confiance que le parent lui accorde dans sa capacité à pouvoir s’apaiser. On peut parler de confiance mutuelle ou réciproque. Dans l’approche de Bowlby, la sécurité est née de cette relation d’accordage réciproque et de confiance entre le parent et l’enfant.


En définitive, la notion « d’expérience sécure » introduit de manière implicite deux dimensions : d’une part la dimension de l’action et de l’implication du corps à travers le terme « expérience », et d’autre part la dimension relationnelle dans le terme « sécurité ». Au risque d’une formule redondante mais dont l’avantage est d’être complète, il serait possible de parler d’« expérience sécure active et relationnelle ».

Distinction entre l’hypnose de relaxation (de type carte postale) et l’hypnose orientée sécurité relationnelle

Pour les gens qui présentent du stress, il est possible de proposer de l’hypnose de relaxation de type « carte postale ». Les patients en tireront confort et détente.

Lorsque le problème dépasse le stress et relève davantage de phénomènes anxieux, de l’angoisse ou de fortes perturbations émotionnelles (comme cela peut se produire dans le trauma), on constate une contradiction entre l’intention et l’action de ces personnes. Elles sont alors dans des processus où il leur est difficile de faire confiance. Le travail en thérapie consiste à accompagner le patient afin qu’il parvienne à accueillir ses ressentis sensoriels en rapport avec cette anxiété ou ses fortes perturbations émotionnelles et parvienne à faire confiance à nouveau. Pour accueillir ses ressentis sensoriels, il est nécessaire que le patient soit en lien avec une expérience de sécurité, à la fois active et relationnelle.

Si le thérapeute se contente d’installer une « carte postale », il peut parvenir à une limite. En effet, si le patient trouve une situation de relaxation, une « carte postale » de type « être tranquille sur la plage », le patient est alors dans un lâcher-prise, une détente, il abaisse ses défenses. Que se passe-t-il si la tempête arrive, voire pire si un tsunami arrive ? Le fait d’être allongé sur la plage relâché ne permet pas de se protéger de la tempête ou du tsunami. Il s’agira plutôt de se mettre en action, de prendre l’initiative et de mobiliser ses capacités et ses ressources afin d’agir et de se mettre en sécurité.


Expérience sécure, en action et en relation

Lorsque l’on construit une expérience sécure avec le patient, on privilégiera donc davantage les situations où les patients sont en action et en relation. « En action » dans le sens de faire des choses et de prendre l’initiative, et « en relation » dans le sens d’être en lien avec des personnes qui ont favorisé la construction d’une sécurité interne. Evidemment, l’action peut être effectuée seule mais elle inclut la relation et les autres. Prenons deux situations pour exemples. Dans la première, une personne se sent bien avec ses amis, elle est détendue avec eux et afin de favoriser ce sentiment de tranquillité dans ses relations, elle décide d’aller à la plage, et elle y va seule. Dans cette action, elle développe son autonomie et découvre de nouvelles possibilités. Si elle croise quelqu’un qu’elle connaît, elle saura l’accueillir et passer avec elle un bon moment, elle va pouvoir partager ce moment. Au contraire, dans une seconde situation, la personne se dispute avec son entourage, les autres lui sont insupportables. La personne étouffe et pour changer d’air, elle part se détendre à la plage. La personne se retrouve seule à la plage dans l’intention de se couper des relations, elle cherche à fuir les autres. Dans ce cas-là, se détendre à la plage n’est pas une expérience sécure, c’est au contraire un « lieu d’évitement ».


Les lieux d’évitement

Il existe de nombreux lieux d’évitement que peuvent proposer les patients à la question « pour vous, quelle situation évoque calme et apaisement ? ». Ils peuvent parler alors de situations telles que : être au fond du lit sous une couette, être seul devant la télé ou devant ma console. Il est important dans ces cas-là de rester prudent, de se demander si ce ne serait pas un lieu d’évitement. Si le thérapeute a de bonnes raisons de croire que ça puisse être un lieu d’évitement, il dira « c’est très bien, quoi d’autres vous vient ? ». Prendre ce type de situation de contexte d’évitement, et l’ancrer en hypnose pourrait avoir pour conséquence de confirmer et d’installer la recherche d’isolement et de mise à distance des autres chez le patient, et confirmer sa vision du monde qui génère des problèmes (en rapport notamment avec un monde d’abandon). Elles sont donc à éviter, autant que faire se peut.


Exemples d’expériences sécures

En synthèse, les modalités sont les suivantes :

- En action -- > et non passif.

- En relation -- > et non isolé.

- Avec différentes modalités sensorielles -- > auditif (une mélodie), kinesthésique (une ancre), visuel (un lieu, un contexte), olfactif (une odeur de cuisine, un plat de l’enfance), gustatif (une sorte de « madeleine de Proust »), etc.

Lorsque les éléments s’imbriquent, ils ressemblent de manière analogique à une expérience vécue, en adéquation avec des situations de vie du patient. Cette adéquation rend plus facile la sollicitation de l’expérience sécure dans les moments où cela est nécessaire (montée d’angoisse, par exemple).


Types de situations qui permettent de construire une expérience sécure

Les situations que le thérapeute doit chercher afin de construire une « expérience sécure » sont les suivantes :

- Les moments de vie qui constituent un sentiment de réussite.

- Les moments où le patient s’est senti libre, entendu et compris.

- Les moments de coopération et de construction où le patient s’est senti reconnu.

- Les moments de vie où les émotions étaient présentes.

- Les moments de joie ordinaire, ou d’émotions que l’on souhaite voir se reproduire souvent.

- Les moments d’apprentissage, des situations qui ont favorisé la construction de notre vie (choix de vie judicieux).


Les questions posées au patient ressemblent à celles-ci :

- « Peux tu me raconter une situation où tu fais des choses en relation avec d’autres personnes, et qui en retour te donne le sentiment d’accomplissement ? »


- « Quelle est la situation ou l’expérience que vous avez vécue dernièrement, en lien avec d’autres personnes, qui en retour vous a donné le sentiment d’avoir de la valeur, où il y a eu du sens, où ça a été utile, où vous vous êtes senti à votre place ? »


- « Si vous êtes d’accord, je souhaiterais que vous me décriviez une situation, une action dans laquelle vous vous dites “ça, ça me correspond, c’est bien moi, ça me définit vraiment, voire pleinement”. Une situation où vous vous réalisez. Une situation où vous réalisez vos valeurs et vos intentions. Une situation dans laquelle vous vous sentez en sécurité. Ça peut être une situation il y a déjà un moment, ou bien plus récente. »


L’idée est de trouver une expérience de sécurité qui soit en rapport avec des processus de vie, qui sollicite la partie vivante et riche du patient. Il s’agit d’un contexte dynamique avec des interactions, des échanges, et des actions.


Faire la cuisine est une proposition d’expérience sécure que l’on retrouve régulièrement de la part des patients. En effet, faire à manger, c’est être en action : avoir prévu les ingrédients, effectuer la préparation, s’organiser, suivre une recette, etc. Et c’est également être en relation : souhaiter partager le repas préparé, être en contact avec la vie de la maison autour, faire découvrir une spécialité ou des saveurs, etc. Le repas sera sans doute l’occasion de commenter le plat, voire de faire des compliments. En outre, le repas invite aux plaisirs et aux échanges. Faire la cuisine peut prendre la forme suivante : « J’ai pris l’initiative de choisir cette recette et de réaliser ce plat afin de le partager avec les personnes que j’apprécie. »

La vie n’est pas toujours confortable

Dans tout parcours de vie, il y a des zones d’inconfort, des situations qui génèrent de l’insécurité. Ces situations peuvent arriver par choix (passer un examen), par nécessité (extraire une dent), ou par accident (blessure, maladie, drame). Les expériences sécures susceptibles d’aider le patient à faire face aux situations difficiles dans la vie (angoisse ou trauma) sont des expériences où le patient s’est senti en sécurité dans un contexte insécure (pour les contextes traumatiques, se référer au texte Thérapies brèves plurielles, chap. 7 : La base de la résilience, p. 282, éditions Elsevier Masson).

Evidemment, ce n’est pas indispensable qu’une expérience sécure se situe dans un contexte insécure, toutefois cela augmente l’analogie, l’adéquation ou la proximité avec ce qui arrive dans la vie, vie au cours de laquelle il n’est pas possible d’être toujours dans un contexte de protection. On peut donner des exemples de sports qui génèrent de la sécurité dans un contexte insécure : le kitesurf ou la plongée sous-marine.

Lorsque que je demande à Sandrine, 17 ans, à quoi ressemble cette expérience de sécurité active et relationnelle, elle prend un temps, elle semble entrer en elle-même, et au bout d’un moment elle me parle du surf. Elle est avec son frère plus jeune, sur la planche de son papa (qui est au loin) et elle prend la vague sur quelques secondes en même temps que son frère, sur la même vague, à genoux, portée par la mer. Le contexte est un peu dangereux mais le sentiment de sécurité est soutenu par les relations avec le papa et le frère.

André, quant à lui, évoque des sorties à vélo de course avec ses copains. Le thérapeute : « Est-ce que vous pouvez me raconter comment ça se passe ? ». Réponse d’André : « On sort avec les copains faire du vélo tous les dimanches. J’adore le vélo, j’en fais plusieurs fois par semaine. Le dimanche on est une petite équipe de cinq ou six. Nous faisons des sorties de 100 kilomètres environ. On se suit. Le but n’est pas de faire de la vitesse mais de rouler ensemble. J’aime vraiment beaucoup. On se soutient les uns et les autres. Il y en a toujours un qui prend la tête du peloton. Parfois, les jours où je suis moins en forme, je me cale sur la roue du vélo du copain de devant et je suis. » S’en suit alors une séance d’hypnose, sur la route, à pédaler, à suivre ou devancer les copains, à faire confiance, à se soutenir, à être en relation et en action.


Un commercial très anxieux

Un commercial très anxieux vient au cabinet. Afin de travailler l’anxiété, il est important que ce patient puisse trouver un contexte de sécurité, en action et en relation.


Voici le dialogue :

- Thérapeute : « Pouvez vous me donner une situation de votre vie quotidienne dans laquelle vous vous dites : “là je me sens bien” et lors de laquelle vous vous dites : “ça c’est bien moi, ça me ressemble”, dans laquelle vous vous reconnaissez et où vous avez un sentiment de réussite ?

- Patient : Au travail, j’aime beaucoup mon travail, ça m’aide beaucoup à faire face.

- Th. : OK, quel est le moment dans votre travail où ce sentiment de réussite est le plus fort, plutôt avant d’attaquer la journée, à des moments clés de la journée, ou à la fin de la journée où vous vous dites “ça, c’était une vraiment bonne journée” ?

- P. : Plutôt quand je fais une grosse vente.

- Th. : OK. Et dernièrement, avez-vous une situation, un exemple où vous avez fait une “grosse vente” ?

- P. : Oui, la semaine dernière, j’ai décroché un bon contrat.

- Th. : A quel moment dans cette vente vous avez ressenti dans votre corps que ça allait marcher ?

- P. : Dans les cinq premières minutes.

Th. : Que se passe-t-il dans ces cinq premières minutes ?

- P. : Là, ça s’est très bien passé, rapidement il m’a dit : “c’est avec vous que j’ai envie de travailler”.

- Th. : OK. Qu’est-ce qu’il a vu en vous qui lui a fait dire ça ?

- P. : Notre société est très bien placée sur ce type de produits et il avait entendu parler de moi par une connaissance en commun.

- Th. : Quel type de relation il vous a fallu mettre en place pour installer ce climat ?

- P. : De la confiance.

- Th. : Et dans ces premières minutes, quand vous comprenez que cette grosse vente va se faire, comment c’est dans votre corps ?

- P. : Je me sentais bien, je me sentais fier de moi.

- Th. : Maintenant, est-ce que vous êtes d’accord pour faire un petit exercice qui va permettre d’utiliser cette expérience de réussite ?

- P. : Oui, d’accord. »


Notons que cet exemple du commercial est intéressant puisqu’on repère que c’est la relation de confiance qui favorise la vente (modèle coopératif) et non les techniques de persuasion classiques de vendeur (modèle rivalitaire). Le thérapeute demande alors au patient de s’installer confortablement, il installe une catalepsie, puis laisse venir la situation : se saluer, peut-être se serrer la main, observer tous les signes qui montrent que les choses prennent, que les choses se mettent en place, que la relation est bonne, que le processus se déroule, etc. Le thérapeute indique également que les choses vont dans le bon sens, que le patient peut sentir en retour tous les effets que cette réussite produit dans le corps, dans toutes les parties du corps, etc. Il propose au patient de se mettre en lien avec l’expérience acquise et la compétence qui a conduit à ce résultat, de toutes les relations qui ont permis de se mettre en confiance, au sentiment de fierté à chaque fois que cette réussite se produit, etc.

Il propose un geste idéomoteur : « Lorsque toutes les parties de votre corps seront en lien avec cette expérience de réussite et d’accomplissement, est-ce que votre main peut faire un geste en rapport avec cette expérience ? »

Et au bout de plusieurs dizaines de secondes, tout en demeurant accompagné par la voix du thérapeute, on observe que le pouce de la main droite du patient se lève dans un geste qui signifie « c’est OK, c’est cool ».


Le thérapeute propose au patient de reproduire le geste trois fois afin de l’ancrer, dans le corps et dans la mémoire, pendant la transe hypnotique.


Ensuite, le thérapeute propose de vérifier l’efficacité du geste : « Je vais vous demander de fermer les yeux à nouveau et de faire venir une expérience désagréable. Lorsque vous sentirez la sensation désagréable dans votre corps, vous allez refaire le geste et observer ce qui se produit dans votre corps. » Le patient coopère, il rouvre les yeux et dit : « La sensation désagréable est partie beaucoup plus vite. »


A la séance suivante, le patient me dit que son anxiété a baissé. Toutefois, il n’a utilisé le pouce levé qu’une seule fois lors d’une course à pied avec un ami. Lors de la course, les images qui génèrent de l’anxiété lui sont venues et il a fait le geste pour se mettre en lien avec l’expérience de sécurité. Il dit ceci : « J’ai été surpris, ça a été hyper-réactif (mécanisme spontané, non volontaire). Le geste s’est immédiatement associé aux mots (de la séance d’hypnose), j’entendais les mots, c’est revenu tout seul. Ça m’a remis dans la discussion avec mon pote (relation), je pensais à ma respiration, je pensais au terrain (ressenti corporel). » Il ajoute ceci : « C’est venu 15 ou 20 secondes et je me suis remis dans ma course (action), la tête vide. »


Installation de l’expérience de sécurité

Etape 1 : le thérapeute recherche une expérience de sécurité active et relationnelle. Le thérapeute pose des questions et recherche activement avec le patient des situations de la vie où le patient s’est senti à la fois en sécurité dans son action et libre dans la relation.

On peut poser la question de manière ouverte, de ce type :

« Pouvez-vous me décrire une situation dans votre vie, un moment dans votre vie, où vous avez agi, où vous avez fait des choses avec les autres, et qu’en retour ça a produit en vous un sentiment de satisfaction, un sentiment de réussite, un sentiment de sécurité ? »

Lorsque le patient décrit une situation qui correspond, on note et on passe à l’étape 2 (on prend bien soin d’écarter les lieux d’évitement, où la personne est passive et/ou isolée).


Etape 2 : le thérapeute installe une séance d’hypnose avec le confort du corps et il invite à l’apparition d’un geste idéomoteur en lien avec l’expérience de sécurité. Il dit ceci :

« Dès que votre esprit inconscient perçoit qu’il est en relation avec une expérience de sécurité, est-ce que vos mains (ou une partie du corps), va faire un geste (un signe) en relation avec cette expérience ? »

Le thérapeute accompagne le patient.

Lorsqu’un geste ou un mouvement arrive, le thérapeute dit : « c’est bien, c’est très bien », il formule un compliment, il souligne la réussite de la survenue d’un geste idéomoteur. Il demande si besoin de le refaire (ancrage).

Pour les mouvements qui se font discrets, il est possible de dire : « est-ce que votre esprit inconscient accepte de faire à nouveau ce geste afin que je puisse mieux le voir ? », il est alors adressé en partie au thérapeute, et il demeure installé dans une boucle relationnelle.


Etape 3 : le thérapeute formule une suggestion post-hypnotique (on préférera l’expression « implication post-hypnotique »).

« Dès que votre esprit inconscient se verra dans l’avenir en train d’utiliser ce geste et que cela s’accompagne du sentiment de sécurité, est-ce que vos yeux peuvent s’ouvrir ? »


Etape 4 : le thérapeute vérifie, si besoin, que ce geste idéomoteur est utile.

Il propose au patient de solliciter à nouveau un problème où la sécurité a été perdue et il fait revenir ce problème sous hypnose. Lorsque le patient est en contact avec le problème, on lui demande de l’indiquer en soulevant un doigt de la main.

Le thérapeute demande au patient de faire le geste en disant :

« Est-ce que le geste en lien avec l’expérience de sécurité peut revenir dans votre main afin d’observer toutes les modifications que cela produit sur le problème ? »


L’expérience sécure favorise alors les processus d’intégration de situation en action et en relation qui mobilisent les ressources, et participe des capacités adaptatives du patient.

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